Description du bambou.

Classification botanique.

Les bambous sont des monocotylédones de la famille des poacées (graminées), sous-famille des bambusoïdées. Les monocotylédones ont la particularité de ne pas augmenter de diamètre avec l'âge.

Ils se répartissent en environ 80 genres cumulant 1000 à 1200 espèces. Viennent ensuite pour une espèce donnée différents cultivars (issus de la sélection), variétés ou formes.

En guise d'exemple indiquons le phyllostachys (genre) bambusoides (espèce) 'castillonis' (cultivar).

Les rhizomes.

Les rhizomes sont la partie maîtresse de la croissance des bambous. Ils se propagent sous terre en effleurant de temps à autre la surface et sont responsables de la propagation du bambou.
Véritables réserves d'énergie, ils sont les intermédiaires entre les parties aériennes et souterraines qu'ils produisent toutes deux.

On en distingue principalement deux types, les cespiteux et les traçants.

Rizhomes cespiteuxLes rhizomes cespiteux ou pachymorphes (forme épaisse) sont courts et renflés. Leurs extrémités donnent naissance en se redressant à une tige (chaume). Ils se présentent sous la forme d'anneaux (noeuds) rapprochés et serrés présentant latéralement des yeux, bourgeons de futurs rhizomes, situés alternativement à droite et à gauche. Les noeuds sont également porteurs des racines.
La longueur réduite des rhizomes détermine l'aspect en touffe dense des bambous cespiteux.

Rhizomes traçantsLes rhizomes traçants ou leptomorphes (forme mince) sont quant à eux tout en longueur. Ils ondulent proche de la surface et peuvent progresser de plusieurs mètres pour les plus vivaces, au cours de la même saison.
Les noeuds sont plus éloignés les uns des autres que chez les cespiteux. Les yeux et les racines se développent de la même manière sur ces derniers. Cependant, à la différence des cespiteux, un oeil ne donne pas systématiquement naissance à un rhizome, il peut générer directement un chaume.
La progression d'un bambou traçant est donc très linéaire. Un même rhizome pouvant générer plusieurs chaumes, on remarque leur disposition bien alignée, surtout dans les jeunes plantations.

Chaume de phyllostachys nigraLes chaumes.

Ils sont la partie noble du bambou, celle que l'on admire en premier lieu, pour la hauteur, la couleur ou la qualité de surface (duveteuse, rugueuse ou glacée).

Les chaumes sont générés à partir des rhizomes. Il s'agit soit de l'extrémité d'un rhizome qui s'est redressé (bambou cespiteux ou traçant), soit directement d'un oeil (traçant).

Les chaumes sont des tiges lignifiées et fistuleuses (creuses), cloisonnés au niveau des noeuds. Ils sont d'une grande solidité, car riche en silice.

Suivant l'espèce ils peuvent atteindre des dimensions remarquables (30 m) ou simplement rester nains (10 ou 20 cm).

Turion de phyllostachys nigraLes chaumes poussent à une vitesse fantastique, un mois suffit pour qu'ils atteignent leur hauteur définitive (le record d'Europe est 1,08m en un jour).
Cette rapidité de croissance est une conséquence de la structure même du chaume. Lorsqu'une jeune pousse (turion) perce la surface, elle est composée d'un empilement de noeuds très rapprochés, à ce stade les entre-noeuds sont très courts.
La matière des entre-noeuds est générée par chaque noeud vers le haut. Il n'y a donc pas un centre générateur, mais autant de centres que de noeud. Tous  produisent en même temps, chacun repoussant les noeuds qui lui font suite vers le haut. Le chaume s'allonge d'une manière télescopique.

Jeunes chaume de phyllostachys bambusoides holocrysa

Les réserves du rhizome épuisées, la croissance s'arrête. Il n'est pas rare de voir une pousse arrêter brutalement sa course à un ou plusieurs mètres de hauteur et mourir. On dit que la pousse a avorté.

Chaque noeud protège le fragile entre-noeud qu'il produit par une gaine caulinaire. Cette gaine referme des hormones qui stimulent la production de matière. Supprimer la gaine trop tôt stopperait la production du noeud, c'est la méthode utilisée pour la création de bonzaï.
Lorsque la gaine se dessèche et tombe, il reste une cicatrice circulaire qui marque le contour du noeud.

Les branches.

Les branches apparaissent au niveau des noeuds, alternativement de droite et de gauche. Chez les phyllostachys elles se mettent à pousser sous la gaine caulinaire avant que le chaume n'ait atteint sa hauteur définitive. Ces branches appuient sur le chaume encore  tendre et le déforment. Une marque appelée sillon internodal ou sulcus persistera.
Certains chaumes produisent les branches au terme de la croissance en hauteur voire l'année suivante, ils restent donc parfaitement lisses à l'image du pseudosasa japonica, jadis utilisé pour les fûts de flèche.

La structure des branches est la même que celle des chaumes. Chaque noeud des branches possède un ou plusieurs bourgeons selon l'espèce, qui produiront une ramification et ainsi de suite.

Le nombre de branches produit par un noeud est variable, d’une seule branche pour les sasa à une multitude comme les chusquea ou les himalayacalamus.

Les feuilles.

Au bout des ramifications apparaissent les feuilles. Leur base ressemble aux gaines caulinaires mais leur extrémité s'ouvre et s'étale en feuille.

Les fleurs.

Différentes graines de graminéesEpis de pleioblastus pumilusLa floraison du bambou est rare, mais régulière, quelques années à plusieurs dizaines d'années peuvent séparer deux floraisons. Tous les bambous d'une même variété fleuriront en même temps dans le monde. Dans certains cas, la floraison est fatale au bambou qui s'épuise à produire ses graines. Sur la photo de droite, j'ai réuni différentes graines de graminées. En haut, orge puis maïs, en bas, avoine puis graines encore vertes de bambou.

En 2004, les pleioblastus pumilus ont fleuri, la floraison n'était pas totale partout, mais dans mon jardin pas une seule feuille n'est apparue, empêchant les réserves annuelles de se faire. Le plant est mort d'épuisement, non sans laisser quelques graines sur le sol.

J'en ai laissé germer à même le sol est j'en ai planté une en pot que j'ai soigneusement surveillé. La différence entre les deux plants en deux ans est flagrante. L'un, entretenu et à l'abri du gel à prospéré. L'autre, à l'ombre des géants, endurant les sécheresses estivales et hivernales, les gels sévères et les périodes sous la neige, a du mal à prendre le dessus, mais s'installe doucement. 

Jeune pleioblastus pumilus de 2 ans en pleine terre issu d'une graineJeune pleioblastus pumilus de 2 ans en pot issu d'une graineOutre ces floraisons programmées par la nature (grégaires), certains pieds peuvent fleurir spontanément au sein d'un massif.
Au printemps 2006, certains conteneurs de sasa palmata ont produit des fleurs et des graines. Les autres, de la même souche n'ont rien produit.

La floraison peut être fatale, mais elle peut également réserver des surprises sous la forme de croisement, comme celui d'un sasa et d'un phyllostachys qui a généré le genre hibanobambusa.