Plantation, culture et entretien du bambou.

Emplacement et qualité de sol.

L'a priori le plus fréquemment rencontré concernant le bambou est de croire qu'il pousse les pieds dans l'eau. Bien qu'il en ait un grand besoin, un excès prolongé le ferait dépérir rapidement. Plus que le froid, c'est la sécheresse qu'il redoute, et ce, été comme hiver. Un sol gelé peut empêcher un bambou de boire à sa guise comme une sécheresse prolongée le ferait en été.

La réussite d'une plantation de bambou dépend, d'une part du climat (ensoleillement et précipitation) et d'une autre part du terrain (qualité et surface disponible) sur lequel il est cultivé. Un maximum de soleil et de chaleur, des précipitations abondantes, un sol riche et aéré, légèrement acide (un sol de forêt) et de la surface pour permettre aux rhizomes d'aller loin puiser des réserves, sont les conditions idéales garantissant le gigantisme de certaines espèces. Bien qu'il soit difficile de rassembler toutes ces conditions chez soi, il reste possible d'en améliorer certaines en palliant à des manques. Un arrosage sera le bien venu en période de sécheresse (si le sol n'est pas arrosé par un ruisseau ou de l'eau souterraine). Un épandage de fumier décomposé en surface (sinon compost ou engrais) en début d'année, apportera des nutriments en quantité, car les bambous épuisent vite le sol. 
D'un autre point de vue, il devient possible de cultiver une variété, initialement trop grande, mais que l'on souhaitait absolument pour sa couleur ou son port. Il suffit de lui donner un espace restreint et de ne pas lui mettre d'engrais.

Si tous les bambous aiment les sols riches et légèrement acides, certains, d'origine montagneuse, redoutent le soleil. Dans ce cas, il faudra les protéger de ses rayons sans pour autant leur cacher le ciel.

Plantation.

Période de plantation.

Un bambou en pot peut être mis en terre toute l'année, à l'exception des périodes de forts gels, pendant lesquelles il ne sera pas possible de creuser la terre et impossible pour le bambou de s'alimenter en eau.
Si nous faisons simplement preuve de bon sens, force est de constater qu'une motte racinaire passera mieux les périodes froides sous terre que dans son pot à l'air libre, avec des températures pouvant détruire les rhizomes (environ -10 °C).

Selon les considérations, la période idéale de plantation varie. Personnellement, j'affectionne planter au printemps pour admirer la formidable ascension des pousses. Je considère que planté suffisamment tôt, le plant bénéficiera d'une durée maximale pour bien s'implanter, mais il ne faudra pas négliger l'arrosage d'été.
Pour d'autres, l'automne est idéal. L'avantage de cette solution réside dans le fait que l'arrosage est moins nécessaire, à l'inverse du paillage du sol, qui lui le devient.

En conciliant les deux points de vue,  la période idéale est celle durant laquelle le sol est suffisamment chaud pour que le bambou puisse faire descendre ses racines le plus profondément possible, afin de le mettre à l'abri des sécheresses estivales et hivernales.

Plantation.

La première opération vise à correctement hydrater la motte racinaire en la plongeant dans un seau une dizaine de minutes. Pendant ce temps, à l'emplacement choisi, la terre peut être travaillée et creusée. Mélangez de la tourbe pour alléger et acidifier le sol. Le compost participe également à l'allégement du sol tout en conservant de l'humidité sans exces et apporte des nutriments. Le sable draine et apporte de la silice.
Mieux vaut creuser un trou de volume supérieur à celui de la motte et y mélanger dans le fond un peu de fumure ou de compost. Une fois le plant en place, les vides peuvent être comblés et le surplus de terre disposé de manière à constituer une cuvette qui guidera l'eau d'arrosage ou de pluie vers la motte. Finalement, un arrosoir plein, vidé dans cette cuvette, permettra à la terre de correctement adhérer aux racines. Si la plantation est effectuée en automne ou en hiver, un paillage peut s'avérer nécessaire.

Attention, il ne faut pas griffer la motte au préalable, ce qui aurait pour conséquence d'endommager le plant plus que de l'encourager à faire des racines, et ce, même si le vendeur de votre jardinerie favorite vous le conseille.

Arrosage.

L'arrosage a surtout son importance la première année après la plantation dans les régions chaudes. A ce moment-là, le bambou n'est pas encore suffisamment enraciné pour pouvoir parer à la sécheresse du sol lors de la saison estivale. Des arrosages réguliers lui seront très profitables. Il est à noter qu'il est préférable d'effectuer des arrosages espacés et abondants de manière à favoriser l'enracinement profond, plutôt que des arrosages fréquents et légers. 

Un bambou assoiffé est reconnaissable à ses feuilles enroulées sur elles-mêmes (limitation de l'évaporation). Un arrosage rapide les fera se dérouler en quelques minutes. Il est souhaitable ne pas arriver à cette extrémité.

Fertilisation.

Gourmand en azote, le bambou se délectera d'un bon fumier de cheval correctement décomposé répandu à ses pieds en fin d'hiver. D'autres types de fumiers conviennent également. Si vous n'avez pas la chance ou la possibilité de trouver du fumier, vous pouvez utiliser un engrais pour gazon au printemps et en été. Evitez d'en apporter en automne, car une alimentation tardive en azote fragilise le feuillage face au gel.
Pour satisfaire son besoin en silice, on pourra du sable fin ou un purin de presles. Laissez-lui ses feuilles mortes qui rendront la silice qu'elles contiennent.
Personnellement, je constitue un compost à partir d'une part de bambou broyé (cannes + branches + feuillage) et d'une part de crottin de cheval (voire la rubrique 'Actualités'). Le bambou étant très résistant, il se dégrade très lentement et des éclats de chaumes restent nombreux dans le compost. Cela ne pose aucun problème, ils continueront à se dégrader sur le sol. Ainsi, mon compost est riche en nutriment et en silice.

Paillage.

Le paillage offre plusieurs avantages. Tout d'abord en se décomposant progressivement il assurera un apport d'humus. Il permet aussi au sol de limiter l'évaporation et finalement en hiver il contribuera à empêcher le sol de geler.
Si le paillage se révèle utile les premières années, il se constituera seul par la suite par l'accumulation des feuilles mortes. L'avantage de ce dernier, étant produit directement par le bambou, est sa richesse naturelle en silice, ce qui rend inutile un apport supplémentaire.

Processus de pousse.

Le bambou constitue ses réserves en été et automne. L'hiver, il se repose et se prépare. Au printemps, il génère des pousses à l'aide des réserves de l'année passée.
Les chaumes, à présent plus nombreux, vont pouvoir constituer des réserves encore plus conséquentes. D'année en année, les bambous pousseront plus gros et plus hauts jusqu'à atteindre un équilibre entre leur capacité à stocker des réserves et celle de produire des chaumes.

La récompense d'une année de soins ne s'obtient qu'au printemps suivant.

Taille et entretien.

Les bambous se taillent très bien, de plus, une seule taille par an suffit. Il est même possible à partir de certaines variétés de constituer de très belles haies au carré ou même des topiaires.

La règle est la même pour tous les bambous (mis à part les nains que l'on fauche). En période de croissance des chaumes, attendre que les branches se forment et que les premières feuilles apparaissent au bout. A ce moment-là, à la cisaille ou au taille-haie, on coupe le chaume pour réduire la hauteur et les branches pour réduire le volume. La densité de feuillage s'en trouvera augmentée dans les mois qui suivent.

Les bambous nains en couvre-sol se fauchent aux alentours du mois de mars. Quelques semaines plus tard, ils sortiront plus densément, beaux et sans défauts. Ceux qui entrent dans la composition de topiaires se taillent comme les autres bambous. 

Souvent, après avoir atteint une hauteur qui semble être limite, la hauteur moyenne des nouveaux chaumes tend à diminuer ou stagne simplement, peut-être même à un niveau très infèrieure de la hauteur potentielle. La population est trop importante pour l'espace qu'ils occupent, le sol ne suffit plus à les alimenter. Le moment est venu d'éclaircir le massif.
Cet entretien se fera de préférence en hiver. Tous les chaumes de 4 ou 5 ans peuvent être coupés, car ils ne participent plus à la vie de la communauté tout en prélevant une part qui fera défaut. Idem pour les quelques chaumes inesthétiques ou disgracieux. Il faut refaire une mise en scène en conservant en priorité les jeunes chaumes bien placés et caractéristiques de la variété. La lumière pénétrera dans le massif et vous profiterez mieux des couleurs de vos chaumes.
Profitez-en pour épandre du fumier ou un engrais. A arrosage équivalent, chaque chaume boira mieux et plus longtemps.
Au printemps suivant, vos bons soins se vérifieront.

Contenir un bambou traçant.

Certains bambous se révèlent être particulièrement envahissants. Cette idée peut se révéler effrayante pour celui ou celle qui n'ont pas l'habitude de s'occuper de son jardin. Il existe donc des astuces permettant de prévenir ou résoudre ce problème s'il intervient.

La barrière antirhizome: Une barrière antirhizome peut s'avérer utile dans le cas d'une haie ou d'un massif, directement à la limite d'un terrain et s'il n'y a pas d'obstacle à la propagation des bambous (muret avec fondation ou ruisseau..).
Il peut aussi sembler nécessaire de contenir un massif en plein milieu d'autres plantations ou tout simplement pour ne pas laisser se mélanger deux bambous différents.
La barrière classique est un film de polypropylène de 70 cm que l'on trouve très facilement en jardinerie. Ce film est enterré verticalement avec un léger angle de 15 degrés, la partie haute penchée vers l'extérieur.
Un tel achat est très onéreux et représente une part non négligeable dans le budget de l'installation d'une haie si elle est bordée sur ses deux faces principales. Je ne parle même pas des efforts à déployer pour creuser les sillons.
La barrière improvisée, souvent meilleur marché et tout aussi efficace, peut être réalisé à partir de récupération de dalles de jardin correctement jointurées ou de plaques quelconques non sujettes à la décomposition. J'ai également observé l'utilisation d'éléments de canalisation en béton de très fort diamètre (plus d'un mètre), utilisé un peu à la manière d'un pot de fleurs sans fond, enterrés verticalement de manière à affleurer à la surface.

L'espace de service: Il est à noter que la réglementation impose une distance de plantation de la limite séparative de votre terrain suivant la hauteur finale de vos haies et massifs. Un règlement local peut également être encore plus restrictif.
Cet espace peut cependant être mis à profit si l'on désire se passer de l'installation d'une barrière.
Tout d'abord, il est nécessaire de délimiter clairement les limites que le bambou ne doit pas dépasser, éventuellement de les matérialiser par un cordon de galet ou autre élément décoratif de jardin.
Chaque printemps, correspondant à la période de sortie des pousses, il suffit de ne pas faire de cas en passant sa tondeuse. Cette opération ne demande pas plus de travail que vous n'en auriez consacré de toute façon à votre pelouse. Les pousses ne parviendront pas à se développer et les rhizomes mourront sous la surface.
Si la tondeuse ne peut être employée, car il peut s'agir d'une plantation dans un massif fleuri par exemple, il suffit, durant cette même période, de casser les pousses de la pointe du pied ou à la main. Très tendres, elles se cassent sans effort. Vous pouvez même attendre qu'elles soient un peu plus hautes avant de les casser au ras du sol, ce qui a pour avantage d'épuiser plus rapidement les rhizomes.
Passer cette période, il n'y aura plus de tentative en masse de percée de la surface. Ponctuellement une pousse essayera peut-être de pointer, mais elle a l'avantage de se voir et vous ne risquez pas de l'oublier.
Les pousses ceuillies précocement sont bien sur comestibles si la préparation est adaptée. Le goût est fonction de l'espèce et certains genres peuvent même se passer de cuisson. Votre espace de service peut donc être considéré comme une plate-bande.

La tranchée: Une autre manière simple, mais demandant un effort annuel et une surveillance, vise à dégager une tranchée de 30 cm environ, afin d'exposer à la vue les rhizomes aventureux. Vous pouvez de temps en temps les couper ou attendre la fin de croissance de ces derniers en automne. L'effort sera dans ce cas plus pénible, car vous aurez à les arracher de l'autre rive de la tranchée. Les rhizomes sont suffisamment résistants à la traction, vous n'aurez pas trop de mal à les enlever sans les casser. Si finalement il en reste à votre insu, il suffit de casser les pousses au printemps comme précédemment décrit.

Mes massifs sont dans le gazon. J'ai enterré des dalles de jardin de 40 cm en position verticale pour ne pas les laisser se mélanger, mais je n'ai pas de protection pour les séparer de la pelouse.
Les rhizomes s'y infiltrent régulièrement sans conséquence. Chaque année, ils périssent une fois leurs pousses cassées par la tondeuse.

Le bambou en pot.

Le choix du pot.

Il est principalement à faire en fonction de la nature traçante ou cespiteuse de votre bambou. Un traçant aura plus rapidement besoin de place qu'un cespiteux.

Certains ouvrages indiquent des volumes considérables pour des bambous d'une hauteur donnée. Personnellement je garde des bambous moyens ou géants dans des pots 30 ou 35 cm d’ouverture. Il suffit de se résoudre à ne conserver que quelques chaumes (les plus caractéristiques) et de sacrifier les autres.

Dans un premier temps, fiez-vous au conteneur initial de votre bambou et installez-le à l’aise en lui accordant un pot légèrement plus grand, vous serez tranquille un an ou plus. Lorsque le manque de place se fait sentir, passez à la dimension supérieure en réduisant le nombre de chaumes. Vous serez à nouveau tranquille pour l'année.

Le substrat.

La plantation en pot, implique un espace réduit de développement racinaire. La taille maximum d'un bambou ne pourra donc pas être atteinte (sauf pour les nains et les petits bambous).
Il reste facile de gérer la qualité du substrat afin d'obtenir le meilleur résultat possible. Pour ma part, j'utilise un mélange de sable, de terre de jardin argileuse et de compost de bambou (voire la rubrique 'Actualités'). Ce substrat est aéré et riche en nutriment. Il est suffisamment drainant pour ne pas garder l'excédent d'eau.

En intérieur.

En intérieur, il faut se méfier de l'atmosphère trop sèche des appartements. Vaporisez souvent de l'eau sur les feuilles et prenez garde aux attaques de parasites comme celle des araignées rouges ou des cochenilles. Un simple traitement à la bombe est très efficace pour parer à ce genre d'inconvénient.
N'hésitez pas durant les périodes chaudes à les sortir sur la terrasse ou dans le jardin.

Tous les bambous ne supporteraient pas plus d'une année en intérieur, car ils ont besoin d'une période fraîche de repos. Si le problème ne se pose pas pour les bambous tropicaux, il se pose pour tous les bambous de régions tempérées.
Parmi ces derniers, les exceptions possibles se comptent parmi les pseudosasa, les semiarundinaria et les chimonobambusa. Curieusement, parmi les phyllostachys, nous retenons nigra 'boryana' et viridiglaucescens comme assez résistants

La protection hivernale.

En hiver, le plus grand danger pour un bambou en pot est le manque d'eau, par omission d'arrosage ou suite au gel du substrat. Les mois d'hiver sont souvent parmi les plus secs de l'année.          
Il faudra en prévision de gelées prolongées, protéger le pot et par très grand froid,songer à voiler le feuillage.

Plusieurs stratégies sont possibles (voire également la rubrique 'Actualités') :
Vous pouvez rassembler vos pots dans le coin du jardin le moins exposé au vent, contre un mur par exemple, puis déposer un paillage entre et sur les pots. Il vaut mieux avoir la main lourde, n'hésitez pas à bien déborder dessus et de côté.
Vous pouvez également enterrer vos pots dans une tranchée et pailler le dessus.
Si vous souhaitez les garder en place, protégez-les individuellement en les enroulant dans du papier bulle. Le feuillage peut être enroulé dans un voile d'hivernage.
C'est la moins efficace des protections, car, si en cas de gel prolongé, les protections retardent la prise du gel, elles retardent également le dégel !
Il vaut mieux pouvoir ramener un pot ainsi protégé, dans le coin de deux murs d'une habitation occupée et ne pas hésiter à le découvrir pour laisser le soleil agir lorsque ses rayons pointent (un pot noir se réchauffe assez vite).

La fertilisation.

Un simple engrais gazon suffira amplement de temps en temps. De toute manière, il n’est pas dans votre intérêt de le voir doubler de hauteur tous les ans si vous le gardez sur votre terrasse.
Son alimentation lui sera fournie principalement par le substrat frais des rempotages.

Bien sûr, si vous souhaitez le voir grandir notablement, apportez-lui de l’engrais tous les mois.

Si votre eau est calcaire, vous pouvez mettre une cuillerée de vinaigre blanc dans chaque arrosoir.
En cas de chlorose, il existe des additifs de magnésium et de chélate de fer à diluer dans l'eau ou à vaporiser sur le feuillage.